Né en 1969 à Montpellier, Evariste Richer vit et travaille à Paris. Il a travaillé au Cirva entre 2015 et 2017.

Evariste Richer dans l’atelier, 2016. Photo : C. Capelle / Cirva

Œuvre réalisée ou mise au point au Cirva
  • Le Grand Tout, 2015–2017, en coproduction avec l’Institut Pythéas (AMU, CNRS, IRD) avec le soutien scientifique du laboratoire d’astrophysique de Marseille.
Exposition de l’œuvre réalisée au Cirva

2017

  • « Evariste Richer – Le Grand Tout : première constellation », Fondation Vasarely, Aix-en-Provence.
Texte

À l’instar du Grand Verre de Marcel Duchamp qui invente et recompose une nouvelle et surprenante mise en perspective de l’art et du monde, le projet que mène Evariste Richer au Cirva prend sa source dans l’idée d’une quête utopique de ce que nous pourrions appeler « Le Grand Tout ».

À une époque où la science s’intéresse d’une façon très actuelle à la structure potentielle de la vie dans les exo-planètes, l’artiste rebondit, par ricochet, sur la notion même de plus petit dénominateur de la vie dans l’univers, ces atomes élémentaires qui contiendraient dans leurs complexes associations la totalité des schémas scientifiques de la matière.

Comme souvent dans sa démarche, Evariste Richer invite le regardeur à voir l’invisible. Pour son projet avec le verre, il propose le déploiement dans l’espace d’une structure moléculaire qui, sans pouvoir prétendre à illustrer l’infini des possibilités, contiendrait tout de même en elle le potentiel évocateur du Grand Tout. C’est encore une fois en faisant allusion au jeu et à une forme d’aléatoire maîtrisé que l’artiste transporte le regardeur dans une autre dimension. Il fonde son approche poétique du sujet sur des références liées aux sciences de la terre, les précipitant dans les champs plastique et rhétorique de l’art.

Il utilise le matériau verre pour ses qualités de densité, pour son mode de fabrication contenant les principes de la rotation gravitationnelle, ne négligeant pas non plus la relation du matériau à la lumière. Le dessin formé par la rencontre des atomes permet à l’esprit de divaguer vers d’autres combinatoires possibles, d’imaginer des variantes hybrides de la vie qui déjà nous dépassent.

Evariste Richer ne néglige pas de s’intéresser aux aspects sociétal et politique des enjeux contemporains liés à la science mais toujours en laissant ouverts les interstices du beau, voire du sublime.

« Loin de se contenter de décrire le monde, la science l’enrichit ». Ces mots de Jean-Marc Lévy Leblond au sujet du travail d’Evariste Richer illustrent bien l’inspiration que puise l’artiste dans les rapports entre l’art et la science qui s’imbriquent et se nourrissent sans fin. Au-delà  d’une vérité scientifique stricto sensu, les métaphores conçues par Evariste Richer s’inspirent des codifications de la science pour créer des quasi-fictions, des représentations idéales qui génèreraient de nouvelles artificialités.

Porter un regard rafraîchi sur le monde qui nous entoure, sur les éléments qui nous permettent de le comprendre, de le mesurer, semble être l’un des leitmotiv du travail d’Evariste Richer. Il s’agit souvent d’utiliser des objets trouvés, de les retourner ou de les faire pivoter pour leur offrir une lecture nouvelle, passée au prisme de la liberté du regard propre à l’art : une pierre géologique trouvée qui dans les mains de l’artiste devient palette de peintre, une balle de tennis fendue et retournée qui mute en végétal…

Dans tous les cas, la continuité dans le travail se retrouve dans une exigence sans compromis au rendu plastique des formes, proposant au regardeur une appréhension directe et physique de l’œuvre, dans une attention portée au matériau de telle manière qu’il devienne aussi sujet de l’œuvre. C’est certainement aussi cette concentration physique, contenue dans la matière même, qui est en jeu dans le projet pensé conjointement pour le Cirva et le Lam.