Jorge León est un auteur-réalisateur de films né à Charleroi (Belgique) en 1967. Il a étudié le cinéma à l’INSAS, à Bruxelles où il vit actuellement.

Morteza Herati, Jorge León dans l’atelier du Cirva, 2021.
© Morteza Herati

À travers le fantasme de l’immortalité, Incandescences, le projet de film de Jorge León, questionne nos désirs, nos peurs et nos aspirations brûlantes à dépasser les limites de notre finitude dans un monde dont on ne cesse d’annoncer la fin. Lucy, notre ancêtre de trois millions d’années, dont la voix et le corps sont inventés pour le film, rejoint notre présent et en livre ses perceptions, ses réflexions, ses perspectives, ses projections. Elle devient ainsi la guide lucide et critique d’une méditation cinématographique célébrant la vie malgré les choix sociaux, écologiques et politiques qui tendent à la menacer.

Tout au long de sa résidence au Cirva, Jorge León explore plusieurs axes de recherche : la reproduction en verre des 52 ossements de Lucy réalisés en étroite collaboration avec le CNRS/CEREGE, la création de filtres transparents, translucides ou colorés qui, apposés devant l’objectif de la caméra modifieront la réalité filmée, et enfin une création d’os démesurés, librement inspirés des ossements réels de Lucy. La singularité du travail de Jorge León au Cirva consiste à non seulement créer des œuvres spécifiques en verre mais à également filmer leur processus de création dans l’atelier.
 
💬 Note d’intention pour le Cirva, 2019
Les transhumanistes considèrent que la mort n’est qu’une maladie en passe d’être éradiquée. Le fantasme d’immortalité traverse l’histoire de l’humanité mais il prend une forme particulière à l’heure où les manipulations génétiques et les recherches sur l’intelligence artificielle sont puissamment financées. Ce fantasme m’intéresse car il coïncide aujourd’hui avec l’annonce récurrente de la fin du vivant. Vouloir se projeter immortel à une époque où la survie de l’espèce humaine sur terre est sérieusement remise en question relève pour moi d’un nouveau rêve prométhéen, qui incarne nos espoirs et nos craintes dans les pouvoirs et les dérives de la science. Car si le feu de Prométhée était civilisateur, il évoque aussi une extraordinaire force de destruction – et aujourd’hui plus de jamais avec les ravages du réchauffement climatique.