Le 109, pôle de cultures contemporaines, Nice, France
7 mai – 24 août 2025
💫 Vernissage  : 6 mai, 18 h 30
Une coproduction MAMAC hors les murs / 109, pôle de cultures contemporaines / La Station, dans le cadre de la Biennale des océans, « La Mer autour de nous »
Œuvre produite au Cirva : La Zone de minuit, 2024–2025, partenariat de production entre la Station, le MAMAC, Ugo Schiavi et le Cirva

À l’occasion de l’exposition personnelle d’Ugo Schiavi, le Cirva produit et réalise pour l’installation immersive de l’artiste un ensemble de pièces en verre – une production MAMAC / Le 109 / La Station.

Dans le cadre de la Biennale des arts de la Ville de Nice dédiée aux Océans « La Mer autour de nous », et à la tenue à Nice de l’UNOC 2025, conférence des Nations Unies sur l’Océan, l’artiste Ugo Schiavi investit la grande halle des anciens abattoirs de Nice avec une installation tentaculaire sur le monde des abysses.

Cet univers rétrofuturiste est composé de vidéo, de sons et de sculptures créées à partir d’éléments recyclés, naturels ou industriels. En résonance aux enjeux écologiques et technologiques actuels, cet environnement hybride convoque les mythologies ancestrales ou les imaginaires contemporains des grands-fonds, l’archéologie sous-marine ou la fiction, la bioluminescence et la bioacoustique.
L’inquiétante et fascinante atmosphère créée évoque la destruction, par le dérèglement climatique et la pollution marine, d’un monde encore si inexploré et fantasmé.
Cette proposition artistique sensible et saisissante est une occasion extraordinaire d’aborder des enjeux majeurs et méconnus des océans.

Artiste international, basé à Marseille et diplômé en 2011 de l’école nationale supérieure d’art, la Villa Arson, Ugo Schiavi a participé au Voyage à Nantes en 2021, à la Biennale de Lyon en 2022, au Noor Riyadh Festival et à la Bienalsur à Riyadh, en 2023, ainsi qu’à Manifesta 15 à Barcelone en 2024.
 

📂 Note d’intention de l’artiste

Les grands fonds marins sont les dernières terra incognita de notre planète. La pression qui s’y exerce, l’absence de lumière et l’immensité absolue de ces espaces ont contraint les êtres humains à n’avoir que des mythes, des contes et des légendes à se raconter sur ces écosystèmes pendant des siècles, de Pline l’Ancien à Jules Verne. Aujourd’hui, lors de rares expéditions dans ces mondes étranges, les scientifiques peuvent apercevoir dans les phares de leurs sous-marins des paysages qu’aucun humain n’avait vus avant eux. Ils découvrent des formes de vie extraordinaires qui s’épanouissent dans un environnement extrême que l’on a longtemps pensé totalement stérile. Et malgré ce manque de connaissances, les abysses sont au fondement même des conditions de vie sur terre.

L’inspiration initiale du projet repose sur ce paradoxe : nous sommes capables d’aller sur la Lune, de dater la présence de l’eau sur Mars mais nous ne connaissons presque rien de ce qui compose pourtant l’immense majorité de la surface terrestre. Pire, à peine explorés, les abysses sont déjà menacés par le risque d’une exploitation humaine*.

Le projet intitulé La Zone de Minuit² propose une migration verticale vers l’insondable. Il prendra la forme d’une installation immersive et composite. Constituée d’une série de sculptures et d’un film en images de synthèse, l’œuvre plongera les visiteur·euses dans une exploration fantasmée des abysses où humains et non-humains sont liés de manière inextricable dans leurs pratiques tentaculaires. S’y croiseront mythes marins, technologies numériques et enjeux écologiques.

Les sculptures
À travers une série de sculptures hybrides, translucides et lumineuses (dont le verre est le matériau principal) le projet fait s’entrelacer l’organique et le synthétique, la fiction et le réel. Suspendues aux structures métalliques qui accueillaient autrefois des carcasses animales, ces formes énigmatiques évoquent des créatures abyssales presque aliens. Tels des fragments d’écosystèmes digitaux, elles dévoilent par transparence un réseau complexe de câbles et de dispositifs technologiques. Un courant circule entre les œuvres, comme une force (sur)naturelle qui les connectes les unes aux autres.
La lumière, ou plus précisément la bioluminescence, est le mode de communication des abysses. Alors que nous projetons un monde de ténèbres, ce dernier brille en réalité de particules, de trainées et autres explosions luminescentes. Aussi, par analogie, les sculptures, produiront leur propre lumière et seront les seules sources lumineuses d’une installation plongée dans l’obscurité.

Le film
Dans un va-et-vient continu entre le réel et le virtuel, les créatures-sculptures, d’abord modélisées en 3D, puis matérialisées, retourneront à leur état numérique pour devenir les protagonistes d’un film en images de synthèse. Elles se déploieront dans une réalité paradoxale où la nature et la technologie cohabitent dans une étrange symbiose.
Le son, élément déterminant de cette expérience, sera conçu en collaboration avec un bio-acousticien dont les recherches portent principalement sur l’enregistrement et l’étude des sons des abysses. Écho lointain et grondement profond il enveloppera les visiteur·euses, leur permettant de sentir la présence des grands fonds telle une plongée en apnée dans un monde inconnu.

Une installation captivante
En pensant à tous ces câbles qui nous relient par l’intermédiaire de nos écrans et qui courent le long des fonds marins comme des veines artificielles, il ne fait aucun doute qu’aujourd’hui nous sommes connecté·es plus que jamais par des flux multiples, au sein d’un scénario mondialisé qui met en lumière nos responsabilités envers la planète.
L’installation questionne la relation éphémère de l’humanité face à la vulnérabilité d’un monde en mutation. Elle convoque mythologies ancestrales des profondeurs et récits de science-fiction, tout en faisant allusion à l’archéologie sous-marine et à la menace écologique qui pèse sur ces écosystèmes fragiles. Les œuvres s’abordent ainsi comme autant d’énigmes livrées dans une poésie sombre et contemplative, qui posent la question de la fuite du temps et du monde, du secret de sa genèse aux mystères de sa fin.

  • Des industries minières souhaitent exploiter les plaines abyssales pour extraire des métaux, tel que le nickel, le cuivre ou le manganèse. Cette extraction aurait des conséquences irréversibles sur des écosystèmes entiers, encore intactes.
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